Voilà bien un sujet qui pose problème à l’historien : les gays et les lesbiennes ont toujours été là, ils et elles font même partie de l’histoire d’une mégapole comme Londres, sauf qu’il est extrêmement difficile de la documenter à travers les âges. Car souvent les seules traces de leur existence sont dans les archives des tribunaux et de la police.
En Grande-Bretagne, l’homosexualité – qualifiée de « Bougrerie » dans une loi de 1553 et punie de mort par pendaison – n’a été dépénalisée, laborieusement, qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. Il s’agit pourtant d’une communauté « permanente et significative » mais qui, jusqu’à très récemment, a vécu avec le soucis constant de ne pas laisser des preuves de son existence, rappelle le magazine The Spectator. Ici les lettres d’amour et autres billets doux, les mémoires, sont souvent détruits par ceux qui les écrivent, voire leur famille. C’est pourtant le défi que s’est lancé Peter Ackroyd dans son dernier livre, Queer City: Gay London from the Romans to the Present Day, qui retrace, comme son nom l’indique, la vie de ceux qu’on appellerait aujourd’hui les LGBT de l’époque romaine à nos jours.
On y retrouve, de manière prévisible, la trame de cette histoire dans les chroniques judiciaires. C’est aussi le récit d’un combat pour l’égalité des droits et la tolérance. Pour le gay Londres d’aujourd’hui, l’auteur (né en 1949) avoue avoir fait appel à un jeune assistant pour l’aider à s’orienter dans les dernières tendances en matière de lieux de rencontres et de vie nocturne (Earl’s Court, Soho, Shoreditch, Vauxhall…). Mais ce n’est pas la partie la plus documentée de son livre car la communauté n’est plus un ghetto – et aussi parce que les applications mobiles de rencontres ont complètement changé la donne.